Divine Providence by Patrick ROBLES
L'arrivée de Monseigneur Amand-René Maupoint
Nous sommes en 1857 une Frégate Royale qui est partie de France vers la lointaine île de la Réunion mettra quatre mois pour arriver en rade de Saint-Denis. C'est une traversée périlleuse qui se fait en contournant l'Afrique. A son bord se trouve Monseigneur Maupoint, second évêque de la Réunion qui vient prendre possession de son diocèse. Revenons justement à cette traversée, car au large du Cap de Bonne Espérance le temps se gâte. Un journal de l'époque relate en ces termes l'évènement :
"Un furieux ouragan, qui en quelques heures tord les agrès, fait craquer les vergues, enlève les chaloupes et bastingages et penche lamentablement le vaisseau. Sur le pont en péril, cramponnés ça et là, les passagers et l'équipage attendent dans cette morne stupeur, qui précède le dénouement, qu'un dernier craquement les plonge à jamais dans les abysses..."
Soudain, un homme, l'évêque, se dresse les yeux levés au ciel, il implore Marie :
"Ô Marie, Étoile des mers, sauve-nous du danger et nous faisons le voeu d'élever sur cette terre de Bourbon où nous aborderons, un sanctuaire qui parlera sans cesse de reconnaissance et d'amour."
Dans sa lettre pastorale du Carême de 1858, Monseigneur Amand-René Maupoint s'exprimait ainsi :
"Nous avons différé jusqu'à présent de vous entretenir d'un double voeu que nous avons fait dans un extrême danger où nous pouvions périr sans même avoir vu de loin la terre qui nous attendait. Nous avons promis à la Très Sainte Vierge, s'il nous était donné de monter sur notre siège avant de paraître devant Dieu, d'ériger une église qui porterait le nom de Notre-Dame de la Délivrance..."
Dans le silence d'agonie, on entend plus que le murmure des invocations. Tout s'est tu. Le tumulte des flots et le hurlement du vent. La Frégate se remet à glisser sur une mer plus claire pour arriver à Saint-Denis le 23 octobre 1857.
Monseigneur Maupoint est accueilli par une foule en liesse et avec les honneurs, c'est le deuxième personnage de la Colonie. Le 16 mars 1858, il crée une quatrième paroisse à Saint-Denis, dédiée à Marie Libératrice, qui porte le nom de Notre-Dame de la Délivrance.
En fait c'est une chapelle qui est édifiée sur le plateau de Petite-Île, avec des matériaux de fortune. Très vite elle devint un lieu de pèlerinage pour les marins et leur famille et reçoit de très nombreux ex-voto. Ce sanctuaire se révélait trop petit pour recevoir toutes les familles du quartier de Petite-Île et de la Rivière ainsi que les pèlerins.
C'est l'abbé Pierre Berthomieu en poste à la Délivrance depuis 1891 qui avec courage et ténacité ouvre une souscription pour un projet d'une grande hardiesse : construire l'édifice actuel. La première pierre fut posée en 1893 et le monument achevé en 1897.
Ainsi naquit l'un des plus grands lieux de pèlerinage de l'île dédié à Marie.