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Padre Pio, vidéo du premier et seul prêtre stigmatisé

 

Francesco Forgione (1887-1968), dit Padre Pio

 

 

 

 

Documentaire d'Armand Isnard : "Saint Pio de Pietrelcina", 52 mn, diffusé le 21 juin 2009 sur http://www.ktotv.com

 

Homélie de Pie XI pour la canonisation de Sainte-Thérèse

 

 

Homélie de Sa Sainteté le Pape Pie XI pendant la Messe solennelle de canonisation de Sainte-Thérèse de Lisieux, le 17 mai 1925

 

Vénérables frères et fils bien-aimés,

Béni soit Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des Miséricordes et le Dieu de toute consolation (1) qui, au milieu des multiples sollicitudes du Ministère Apostolique, nous a accordé la joie d'inscrire la première au Catalogue des Saints, cette vierge que, la première aussi, au début de notre Pontificat, nous avons élevée aux honneurs des Bienheureux ; cette vierge dis-je, qui s'est rendue enfant selon la Grâce, mais d'une enfance qui, étant inséparable d'une réelle force d'âme, mérite pleinement, d'après les promesses mêmes de Jésus-Christ, d'être exaltée et glorifiée dans la Jérusalem Céleste et devant l'Église militante.

Nous remercions Dieu également de ce qu'il nous est permis aujourd'hui, à nous qui tenons la place de Son Fils Unique, de redire et d'inculquer à tous, du haut de cette Chaire de vérité et au cours de cette auguste cérémonie, l'enseignement si salutaire du Divin Maître. Comme Ses disciples lui demandaient « qui serait le plus grand dans le royaume des Cieux (2) », appelant un enfant et le mettant au milieu d'eux, Il prononça cette Parole mémorable : « En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux (3) ».

La nouvelle Sainte-Thérèse s'est pénétrée de cette doctrine évangélique et l'a fait passer dans la pratique quotidienne de sa vie. Bien plus, cette Voie de l'Enfance spirituelle, elle l'a enseignée par ses paroles et ses exemples aux novices de son Monastère, et elle l'a révélée à tous par ses écrits, qui se sont répandus par toute la terre, et que personne, assurément, n'a lus sans être charmé et sans les lire et relire avec beaucoup de plaisir et de fruit.

Car cette candide enfant, épanouie dans le jardin fermé du Carmel, non contente d'ajouter à son nom celui de l'Enfant Jésus, retraça en elle-même sa vivante image ; et, ainsi, quiconque vénère Thérèse, vénère en même temps, on peut le dire, le Divin Modèle qu'elle reproduit.

C'est pourquoi nous concevons aujourd'hui l’espoir de voir naître, dans les âmes des fidèles du Christ, comme une sainte avidité d'acquérir cette enfance évangélique, laquelle consiste à sentir et opérer, sous l'empire de la vertu, comme un enfant sent et opère naturellement. De même que les petits enfants qu'aucune ombre de péché n'aveugle, qu'aucune convoitise de passions ne sollicite, jouissent de la possession tranquille de leur innocence, et, ignorant toute malice et dissimulation, parlent et agissent comme ils pensent, et se révèlent au dehors tels qu'ils sont réellement : ainsi Thérèse apparut plus angélique qu'humaine et douée d'une simplicité d'enfant, dans la pratique de la vérité et de la justice. La Vierge de Lisieux avait toujours présentes à la mémoire ces invitations et ces promesses du Divin Époux : « Si quelqu'un est tout petit qu'il vienne à moi (4). Vous serez portés sur mon sein et caressés sur mes genoux. Comme une mère caresse son enfant, ainsi, moi, je vous consolerai (5) ».

Consciente de sa faiblesse, elle se livra et s'abandonna tout entière à la Divine Providence et, appuyée uniquement sur son secours, elle travailla à acquérir, au prix de tous les sacrifices, la parfaite sainteté de vie à laquelle elle avait résolu de tendre, par une pleine et joyeuse abdication de sa volonté : ne nous étonnons pas si, en cette sainte Moniale, s'est accomplie la Parole du Christ : « Quiconque se fera petit comme un enfant sera le plus grand dans le royaume des Cieux (6) ». Il a donc plu à la Divine Bonté de la douer et enrichir d'un Don de Sagesse tout à fait exceptionnel. Elle avait puisé abondamment dans les leçons du catéchisme la pure doctrine de la Foi, celle de l'ascétique dans le Livre d'or de l'Imitation de Jésus-Christ, celle de la mystique dans les écrits de son Père Saint-Jean de la Croix. Surtout elle nourrissait son esprit et son coeur de la méditation assidue des Saintes Écritures, et l'Esprit de Vérité lui découvrit et enseigna ce qu'il cache ordinairement aux sages et aux prudents et révèle aux humbles. Elle acquit, en effet, — au témoignage de Notre Prédécesseur immédiat — une telle science des choses surnaturelles, qu'elle a pu tracer aux autres une voie certaine de salut.

Cette participation surabondante de la Lumière et de la Grâce Divines alluma en Thérèse une si vive flamme d'amour qu'elle en vivait uniquement, planant au-dessus de tout le créé, et qu'elle en fut, à la fin, consumée : si bien que, peu avant sa mort, elle pouvait avouer candidement qu'elle n'avait rien donné au Bon Dieu que de l'amour. C'est évidemment aussi sous l'influence de cette ardente Charité, que la Vierge de Lisieux conçut cette résolution et cette sollicitude de tout faire pour l'Amour de Jésus, dans le seul but de Lui plaire, de consoler Son Coeur Divin et de procurer le salut de beaucoup d'âmes qui L’aimeraient éternellement. Qu'elle ait commencé à le faire aussi dès son arrivée dans la Patrie Céleste, nous en avons la preuve dans cette pluie mystique de roses, que Dieu lui a permis et lui permet encore de répandre sur la terre, comme elle l'avait ingénument annoncé.

Aussi, Vénérables frères et très chers fils, nous désirons ardemment que tous les fidèles du Christ se rendent dignes d'avoir part à cette abondante effusion de Grâces, par l'intercession de la « petite Thérèse ». Mais nous souhaitons encore bien davantage qu'ils la contemplent attentivement en vue de l'imiter, devenant eux-mêmes des enfants, puisque, sans cela, ils ne pourront, d'après l'oracle du Christ, parvenir au Royaume des Cieux.

Si cette Voie de l'Enfance spirituelle se généralisait, qui ne voit combien facilement se réaliserait cette réforme de la Société humaine, que nous nous sommes proposée dès le début de notre Pontificat et spécialement en promulguant ce solennel Jubilé !

Nous faisons donc nôtre cette prière de la nouvelle Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui termine le précieux Livre de sa Vie :

« Ô Jésus, nous Vous supplions d'abaisser Votre regard Divin sur un grand nombre de petites âmes, et de Vous choisir en ce monde une légion de petites victimes dignes de Votre Amour ! »

 

Au moment précis où le Saint-Père terminait cette Homélie, quelques roses — émouvant symbole — se détachant d'un lampadaire, vinrent tomber doucement aux côtés du Pontife.

 

(1) Ép. II Cor., I, 1.

(2) Mt., XVIII, 2.

(3) Mt., XVIII, 3.

(4) Prov., IX, 4.

(5) Is., LXVI, 12, 13.

(6) Mt., XVIII, 4.

 

Le Paradis d'après le Sâdhou Sundar Singh

 

 

LE CIEL

 

Il y a trois ciels, ainsi qu'il fut révélé au Sadhou, un jour, dans une extase.

Le premier est le ciel sur la terre, cette merveilleuse paix intérieure, cette joie de la présence du Christ, que Sundar ressentit après sa conversion, et que nous avons décrite dans un précédent chapitre.

Le deuxième ciel est un état intermédiaire; c'est le paradis promis par le Christ en croix au bon larron. C'est là que séjournent, quelques temps, les âmes qui ne sont pas suffisamment avancées dans la vie spirituelle, pour entrer dans le troisième ciel au moment de leur mort. Elles s'y trouvent avec le Christ, comme il a été dit au brigand, mais elles ne Le voient pas, bien qu'elles sentent Sa présence, comme si des vagues de lumière procédaient de Lui; et elles entendent comme une musique céleste.

Le troisième ciel est, si l'on peut dire, le ciel proprement dit. C'est là que tous les justes parviendront un jour. Mais il est accordé à quelques âmes privilégiées, dont le Sadhou, d'y faire de courtes incursions pendant leur vie terrestre.

- je compris, dit le Sadhou, ce qu'entendait saint Paul lorsqu'il dit : « Si ce fut dans mon corps ou sans mon corps, je ne sais », car lorsque je me trouvai dans ce lieu, j'eus l'impression d'avoir un corps d'une forme ordinaire, mais tout fait de lumière. Et quand je voulus le toucher (le Sadhou saisit son bras gauche avec sa main) je ne sentis rien. C'est là ce que saint Paul appelle le « corps spirituel ». Au ciel, je ne vois pas avec mes yeux physiques, mais avec mes yeux spirituels, et il me fut dit que c'est ainsi que les hommes verront quand ils auront définitivement dépouillé leur corps mortel.

Toutes ces visions se détachent sur le même fond, et c'est là une preuve convaincante, si une preuve était encore nécessaire, du caractère essentiellement christocentrique du mysticisme du Sadhou.

Au centre de la vision se trouve toujours l'apparition ineffable, indescriptible du Christ sur son trône. Son visage, tel que je le vois pendant l'extase, avec mes yeux spirituels, se rapproche beaucoup de celui que je vis, au moment de ma conversion, avec mes yeux de chair. Je vois Ses cicatrices et le sang qui coule. Ces cicatrices ne sont pas pénibles à regarder, car elles sont, radieuses et belles. Sa barbe et ses cheveux sont comme de l'or, tout rayonnants de lumière. Son visage est comme le soleil, mais sa lumière ne m'aveugle pas. C'est un visage adorable, toujours souriant, d'un sourire illuminé d'amour. Il n'inspire aucune crainte.

« Et tout autour du trône du Christ, jusque dans les profondeurs de l'infini, on aperçoit la multitude des êtres glorifiés. Les uns sont des saints, les autres des anges.

« - La différence est sans importance, me dirent-ils; ici, nous sommes tous un.

« Ils semblent être des frères plus jeunes du Christ. Ils sont tous glorifiés; mais Sa gloire, à Lui, dépasse infiniment la leur. Ils ne sont pas tous glorifiés au même degré; c'est un peu comme s'ils étaient de couleur différente, mais cette comparaison n'est pas tout à fait exacte. Leurs vêtements sont faits de lumière, mais cette lumière n'est pas aveuglante; elle est colorée de nuances infiniment plus variées que celles de la terre. Il n'y a rien d'aussi beau en ce monde, ni les diamants, ni les pierres précieuses. Quand ils parlent, ils font pénétrer leurs pensées dans mon coeur, en un seul instant; ainsi qu'il nous arrive parfois de connaître la pensée d'une personne avant qu'elle n'ait parlé.

« je n'ai pas été obligé d'apprendre le langage du monde spirituel. Quand nous quittons notre corps et que nous pénétrons dans le monde de l'esprit, nous parlons ce langage aussi facilement et aussi naturellement qu'un nouveau-né se met à respirer en venant au monde, bien qu'il ne l'ait encore jamais fait.

« Au cours de ces visions, nous avons de merveilleux entretiens. C'est là la véritable communion des saints du Symbole des apôtres. Nous parlons de questions spirituelles et de problèmes dont nul ne connaît la solution ici-bas. La glorieuse société des élus les résoud aisément. Il existe là bien des choses que je puis voir, entendre, percevoir clairement dans mon esprit. Mais je ne puis les exprimer en hindoustani, encore bien moins en anglais. Il serait même inutile d'essayer de les traduire, car leur beauté serait perdue si on les transposait de ce monde merveilleux dans le nôtre. Mais j'emporte toujours avec moi le souvenir vivant et précis de toutes ces choses. Ce monde spirituel présente un autre caractère : on ne s'en fatigue pas; on ne désire rien d'autre. Ici-bas, on se lasse de trois ou quatre heures consécutives de repos et de paix absolue; là, on ne s'en fatigue pas. Aux Indes, dans une réunion à laquelle j'assistais, il y avait un paysan chrétien qui priait. Il était rempli du Saint-Esprit; pénétré de paix et de bonheur, il tremblait dans l'excès de sa joie et priait ainsi: « Seigneur, je te remercie, je te remercie, mais arrête, ou je meurs. Assez... assez. » Je fus très surpris de constater qu'il désirait voir cet état prendre fin. je me souvins alors de l'histoire de Moïse, et comment Dieu lui avait dit: « Nul ne peut voir ma face et vivre. » Et Dieu l'avait couvert de sa main jusqu'à ce qu'il eût passé. L'esprit est en état de soutenir ces expériences transcendantes, mais le corps en est incapable (4).

« Dans le ciel, il y a de la musique, Mais je cherchai en vain des instruments. Ce qui me frappa le plus, dans le monde spirituel, ce fut de m'y tenir toujours à l'aise. J'y suis complètement satisfait et rien ne m'oppresse. J'appris, dans ce monde, que lorsque deux personnes veulent se retrouver, il suffit de l'éclair d'une pensée, quelle que soit la distance qui les sépare. Je me retrouve toujours dans ce milieu avec la même aisance et le même bien-être.

« Celui qui s'est trouvé dans ce lieu, ne fût-ce qu'une seconde, se dit en lui-même : « Là, J'ai laissé mon coeur; là, j'ai la satisfaction absolue. » Ni souffrance, ni peine, rien que l'amour, des vagues d'amour, la joie parfaite. (Au souvenir de l'extase, le visage du Sadhou devint radieux.) Et il en est ainsi pour toujours, et non seulement pour mille ans. Nul n'y réclame rien pour lui-même. Tous disent : « notre patrie ». Il n'est pas de mots qui puissent exprimer cela. C'est pourquoi saint Paul dit qu'il entendit des paroles ineffables que nul homme ne peut exprimer. Dans ce monde-là, bien des choses correspondent à tout ce qui est beau ici-bas montagnes, arbres, fleurs; mais elles sont dépouillées de toute imperfection. Les montagnes, les arbres et les fleurs de notre terre ne sont que le reflet de ce que je vois là-haut. Toutes choses, même les objets inanimés, semblent avoir été créées pour rendre grâces continuellement, et d'un seul élan. Je puis voir à des millions de lieues; les maisons et les murs n'arrêtent pas mon regard, et il en est de même au milieu de la foule. Tout est transparent. Le regard traverse les êtres de toutes parts; personne ne cache son amour ni ce qu'il a dans son coeur.

« Là, nous réalisons non seulement nos aspirations d'ici-bas, mais encore des désirs dont nous n'avions pas eu conscience. Ils se trouvent exaucés, car dans ce lien céleste, il y a tout ce qu'il faut pour les satisfaire. Il n'y a plus rien à demander; je suis pleinement rassasié. C'est un enchantement merveilleux. C'est là qu'est notre vraie patrie.

« Je demandai à l'un des esprits la signification de ce passage de saint Jean : « J'ai dit, vous êtes des dieux. » J'appris que les aspirations innombrables du coeur humain sont une preuve que l'homme est destiné à évoluer infiniment lorsqu'il sera au ciel; là, nous aurons plus de possibilités de perfectionnement que nous n'avons actuellement de cheveux sur la tête

« Une autre fois, je demandai ce que le Christ avait entendu par ces mots : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait. » Il n'avait pas dit : « Soyez parfaits comme les anges ou les prophètes... » et cela m'avait troublé. Est-ce à dire que nous deviendrons égaux à Dieu, et, dans ce cas, y aura-t-il révolte de notre part? On me répondit que Dieu nous veut semblables à Lui, parce que l'Amour exige toujours que l'objet de son affection lui soit égal. De même que l'homme ne peut se contenter d'aimer des animaux, de même Dieu nous veut semblables à Lui. Mais, si nous y parvenions, nous ne pourrions nous révolter, car nous aurions une connaissance si profonde de l'amour divin, que notre coeur serait rempli d'une gratitude infinie.

« Notre Père céleste veut que nous devenions semblables à Lui, car il n'y a pas de jalousie au ciel. il y a une hiérarchie, mais aucun désaccord. Chacun se tient aux côtés de son prochain, et ceux qui en sont encore aux premiers échelons se sentent fiers de la grandeur de leurs aînés. »

Nous avons demandé au Sadhou

- Alors que vous étiez en extase, vous est-il arrivé d'avoir des visions semblables à celles de l'Apocalypse de saint Jean?

- Oui; j'ai vu bien des choses comparables à celles qui se trouvent à la fin de l'Apocalypse; et lorsque je les vis je pensai : notre frère aîné a visité ces lieux il y a deux mille ans.

- Avez-vous eu des visions semblables à celles qui sont décrites au milieu du livre, l'Apocalypse?

- Non, jamais; mes visions ressemblent seulement aux visions de la fin du livre, et en particulier au passage qui dépeint « le fleuve d'eau vive, clair comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau ». A cette vue, j'éprouvai le désir de me prosterner et d'adorer ceux qui me montraient ces choses, mais ils me dirent en montrant le Christ « C'est Lui que tu dois adorer. »

« Je demandai encore :

« - Où est la capitale du Ciel?... Est-ce le trône où Il est assis? »

« Ils me répondirent :

« - Non, chaque coeur qui L'aime est Sa capitale; c'est là qu'Il règne, non par l'épée et par la force, mais par l'amour qui remplit ce coeur. S'il n'y avait pas d'âmes vivantes, il n'y aurait pas de règne. Le sceau royal et l'image du Christ dans le coeur; et lorsque ce sceau est imprimé dans le coeur de l'homme, le corps tout entier en est transformé.

« Saint Jean dit que le nom de l'Agneau est inscrit sur le front des saints. je les regardai et ne vis aucune inscription, mais leur visage tout entier était semblable à celui du Christ, et je compris que c'était là ce qu'avait voulu dire saint Jean. »

- Avez-vous vu des chérubins ou des êtres ailés tels que les décrivent Ezéchiel et saint Jean?

-Non. Je crois qu'ils les dépeignirent ainsi à cause de la difficulté qu'il y avait à traduire leurs visions en langage humain. Je vis des ondes de lumière qui radiaient de ces esprits célestes; tout d'abord, je crus que c'étaient des ailes, mais en réalité ce n'en était pas. Les visages de tous les esprits que je vois au ciel ressemblent à celui du Christ, mais ils sont moins radieux. C'est un peu comme l'image du soleil qui se réfléchit dans des vases remplis d'eau. Christ est l'image de Dieu. Dieu créa l'homme à cette image. Il est l'image parfaite qui n'est reproduite qu'imparfaitement par les autres hommes. C'est pourquoi tous ceux qui pénétrèrent dans les sphères célestes pour la première fois éprouvèrent le sentiment d'avoir déjà vu le Christ, de le connaître depuis longtemps. C'est l'indice d'un lien originel entre le Christ et l'homme, bien que nous n'en ayons pas conscience. Tout pécheur possède en lui-même une image déformée de son Créateur et, lorsque la conversion dessille ses yeux, il Le reconnaît, se prosterne et L'adore. Je n'ai pas eu la joie de rencontrer d'autres personnes ayant eu des extases comme moi, sans quoi j'aurais voulu parler avec elles de ce sentiment de préconnaissance.

« Je demandai quelle distance il y avait entre notre terre et ce monde céleste. On ne put me répondre, mais on me dit qu'il suffisait d'un instant pour y parvenir. Je fus surpris de cette ignorance sur ce point.

« Avant d'être chrétien, toutes les fois que je voyais quelqu'un mourir, j'aspirais à un monde où la mort serait abolie. J'étais rebuté par ce cycle implacable de morts et de renaissances qu'implique la doctrine hindoue de la transmigration des âmes. La première fois qu'en extase je pénétrai au ciel, j'eus la certitude que j'étais entré dans un monde où la mort n'était plus. »

 

Source : "LE SADHOU", "Étude de Mysticisme et de religion pratique", 1930, chapitre V : "EXTASES ET VISIONS".

 

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