Divine Providence by Patrick ROBLES
IX - Arrivée de Simon. Pierre donne la sainte communion à la sainte Vierge.
- Etat de Jérusalem à cette époque.
(Le 11 août 1821.) Je vis aujourd'hui arriver un autre apôtre : c'était Simon. Il manquait encore Jacques le Majeur, Philippe et Thomas. Je vis aussi plusieurs disciples, parmi lesquels je me rappelle seulement Jean Marc, et ce fils ou petit-fils du vieux Siméon, qui était chargé de l'inspection des victimes au temple, et qui immola le dernier agneau pascal pour Jésus. Ils étaient bien une dizaine.
Il y eut de nouveau service divin à l'autel, et je vis quelques-uns des nouveaux arrivés avec leurs habits relevés, ce qui me fit croire qu'ils voulaient repartir tout de suite. Devant le lit de la sainte Vierge était un petit escabeau triangulaire, comme celui sur lequel avaient été déposés les présents des trois rois dans la grotte de la Crèche. Il y avait dessus une tasse avec une petite cuiller brune transparente. Je ne vis aujourd'hui qu'une femme dans la chambre de Marie.
Je vis Pierre, après le service divin, lui donner de nouveau la sainte communion. Il apporta le Saint Sacrement dans cette pyxide en forme de croix dont j'ai déjà parlé. Les apôtres étaient rangés sur deux lignes, depuis l'autel jusqu'à sa couche, et ils s'inclinèrent profondément quand Pierre passa devant eux avec le Saint Sacrement. Les cloisons qui entouraient la sainte Vierge, était ouvertes de tous les côtés.
Quand j'eus vu cela près d'Ephèse, j'eus le désir de voir ce qui se passait à Jérusalem pendant ce temps ; mais la longueur du voyage qu'il fallait faire pour cela m'effrayait. Alors la sainte vierge et martyre Suzanne, dont c'est aujourd'hui la fête, dont j'ai là une relique, et qui a été près de moi toute la nuit, vint à moi et m'encouragea en me disant qu'elle m'accompagnerait. Je traversais la terre et la mer, et nous fûmes bientôt à Jérusalem. Elle était tout autrement que moi ; elle était extrêmement légère, et, quand je voulais la toucher, je ne le pouvais pas. Quand j'assistais à une scène dans un lieu déterminé, comme, par exemple, à Jérusalem, elle disparaissait ; mais, chaque fois que je passais d'un tableau à un autre, elle m'accompagnait et me consolait.
Je me trouvai sur la montagne des Oliviers, et je vis tout dévasté et changé par comparaison avec l'état antérieur. Je pus pourtant reconnaître chaque place. La maison voisine du jardin de Gethsémani, où les disciples s'arrêtaient, avait été démolie. Il y avait là des fossés et des murs qui en rendaient l'accès impossible. Je me rendis ensuite au tombeau du Sauveur ; il était comblé et muré. Au-dessus, sur le haut du rocher, on avait commencé à bâtir un édifice qui ressemblait à un petit temple. Il n'y avait encore que les murs. Comme je regardais avec tristesse les dévastations qui avaient été faites, mon fiancé céleste m'apparut sous la même figure qu'il s'était montré en ce lieu à Madeleine, et me consola.
Je trouvai aussi le Calvaire dévasté et bâti. Le petit monticule sur lequel la croix avait été érigée avait été remué et fouillé. Il y avait aussi tout autour des fossés et des murs, en sorte qu'on ne pouvait pas l'aborder. J'y arrivai pourtant et j'y priai. Alors le Sauveur s'approcha encore pour me consoler et m'encourager. Lors de ces apparitions du Seigneur, je ne vis pas sainte Suzanne prés de moi.
Je passai ensuite à un tableau des guérisons miraculeuses de Jésus dans les environs de Jérusalem, et je revis plusieurs de ces guérisons. Comme je réfléchissais sur la grâce des guérisons par le nom de Jésus, qui est plus particulièrement accordée aux prêtres, et comme je pensais à la manifestation de cette grâce à notre époque, dans la personne du prince de Hohenlohe, je vis ça prêtre faisant usage de ce don. Je vis plusieurs malades guéris par ses prières, entre autres, des hommes qui cachaient sous de sales haillons des ulcères infectés Je ne sais pas si c'étaient réellement des ulcères ou bien des symboles de vieux péchés restés sur la conscience Même dans mon voisinage, je vis d'autres prêtres qui possédaient au même degré ce pouvoir de guérir, mais chez lesquels le respect humain, la dissipation, la préoccupation des affaires mondaines et le manque d'énergie l'empêchaient de se produire. J'en vis spécialement un qui secourait quelques personnes dont je voyais le coeur rongé par d'affreuses bêtes ; mais, par suite de sa dissipation, il négligeait d'en secourir d'autres, qui étaient couchées ça et là, en proie à des maladies corporelles. Il avait en lui-même divers obstacles qui l'en empêchaient.
X - Service divin des apôtres. Marie reçoit la sainte communion.
- Détails personnels.
- Le chemin de la Croix de Marie.
(Le 12 août 1821.) il n'y a guère en tout que douze hommes rassemblés dans la maison de Marie. Aujourd'hui, je vis faire le service divin dans son petit oratoire ; on y célébra la messe. Sa petite chambre était ouverte de tous les côtés. Une femme était agenouillée près du lit de Marie, qui, de temps en temps, se mettait sur son séant. Je la vis ainsi d'autres fois dans la journée. La femme qui était près d'elle lui donnait alors, avec une cuiller, d'une potion qui était dans la tasse. Marie avait sur sa couche une crois, longue comme la moitié du bras. Le tronc était un peu plus large que le bras. Elle était comme incrustée de différents bois ; le corps du Christ était blanc. La sainte Vierge reçut le Saint Sacrement. Elle a vécu quatorze ans et deux mois depuis l'ascension du Sauveur.
Ce soir, la narratrice, pendant son sommeil, chanta à demi vois, d'une manière singulièrement touchante, des cantiques de la Mère de Dieu. Quand elle se réveilla, comme l'écrivain lui demandait ce qu'elle avait chanté, elle répondit, étant encore à moitié endormie : " Je suis allée avec la procession, avec cette femme... Maintenant, elle est partie ". Le jour suivant, elle dit à propos de ce chant : " Je suivis deux des amies de Marie sur le chemin de la Croix, derrière sa maison. Elles vont là tous les jours, matin et soir, et je me glisse tout doucement derrière elles. Hier, cela m'anima, et je commençai à chanter ; alors tout disparut.
Le chemin de la Croix de Marie avait douze stations. Elle avait mesuré en pas les intervalles qui les séparaient' et Jean y avait fait placer des pierres commémoratives. Il n'y avait d'abord que des pierres brutes ; plus tard, tout fut plus orné. Maintenant c'étaient des pierres blanches' polies, peu élevées, à plusieurs arêtes (huit, si je ne me trompe), qui se réunissaient au sommet, aboutissant à une petite surface plane, où se trouvait une cavité. Chacune d'elles reposait sur un dé de même matière, entourée de gazon et de fleurs qui empêchaient d'en voit l'épaisseur. Sur les pierres et leurs supports étaient inscrites des lettres hébraïques.
Ces stations étaient toutes dans des excavations comme dans de petits bassins ronds creusés autour. Il y avait au fond un sentier assez large pour une ou deux personnes ; il circulait autour de la pierre, et permettait d'en lire les inscriptions. A l'un des côtés de ces pierres étaient fixées des nattes avec lesquelles on les recouvrait quand on n'y priait pas.
Les douze pierres qui marquaient les stations étaient toutes de même grandeur ; toutes avaient leurs inscriptions hébraïques, mais les lieux où elles étaient placées étaient différents : la station du mont des Oliviers se trouvait dans une petite vallée, près d'une grotte dans laquelle plusieurs personnes pouvaient se tenir à genoux ; la station du Calvaire, seule, n'était pas dans un enfoncement, mais sur une éminence. Pour la station du Saint Sépulcre, elle était au delà de cette éminence, de l'autre côté de laquelle on trouvait la pierre commémorative dans un enfoncement, puis, plus bas encore, une grotte creusée dans le roc où était le tombeau lui-même. Ce fut dans ce tombeau que la sainte Vierge fut ensevelie. Je crois que ce tombeau doit encore subsister sous la terre, et qu'il reparaîtra quelque jour.
Je vis que les apôtres, les saintes femmes et d'autres chrétiens, quand ils venaient à ces stations et qu'ils y priaient agenouillés ou la face contre terre, tiraient de dessous leurs vêtements une croix longue à peu près d'un pied, et la plaçaient dans l'excavation qui était au-dessus de la pierre de la station ; elle s'y tenait debout au moyen d'un appui mobile placé derrière.
XI - Jacques le Majeur arrive avec Philippe et trois disciples.
- Comment les apôtres furent convoqués pour assister à la mort de la sainte Vierge.
- Leurs voyages et leurs missions.
(Le 13 août 1821.) Je vis aujourd'hui faire le service divin comme les autres jours. Je vis la sainte Vierge se mettre sur son séant plusieurs fois dans la journée et prendre quelque chose avec la petite cuiller. Le soir, vers sept heures, la soeur dit pendant son sommeil : Jacques le Majeur est arrivé d'Espagne en passant par Rome avec trois compagnons, Timon, Erémenzéar et encore un autre. Plus tard, Philippe vint d'Egypte avec un compagnon.
Les apôtres et les disciples arrivaient la plupart du temps très fatigués. Ils avaient à la main de longs bâtons recourbes qui indiquaient leur dignité. Leurs longs manteaux blancs étaient relevés sur la tête, où ils formaient comme des capuchons. Ils avaient là-dessous de longues tuniques sacerdotales de laine blanche ; elles étaient ouvertes de haut en bas, mais attachées avec des petites courroies fendues et passées dans de petits bourrelets qui servaient de boutons. En voyage, ils relevaient leurs vêtements dans leur ceinture. Quelques-uns portaient une bourse pendue au côté.
Les arrivants embrassaient tendrement ceux qui les avaient précédés. J'en vis plusieurs pleurer à la fois de joie et de douleur en revoyant leurs amis dans une circonstance si triste. Ils déposaient alors leur bâton, leur manteau, leur ceinture et leur bourse, puis ils laissaient retomber jusqu'à leurs pieds leur robe blanche ; ils mettaient ensuite une large ceinture sur laquelle était une inscription et qu'ils portaient avec eux. On leur lavait les pieds ; ils s'approchaient de la couche de Marie et la saluaient respectueusement. Elle pouvait a peine leur adresser quelques paroles. Je ne les vis prendre d'autres aliments que du pain ; ils buvaient dans de petits flacons qu'ils portaient sur eux.
Quelque temps avant la mort de la sainte Vierge, lorsqu'elle fut avertie intérieurement que sa réunion avec son Dieu, son Fils, son Rédempteur, était proche, elle pria pour l'accomplissement de la promesse que Jésus lui avait faite dans la maison de Lazare, à Béthanie, la veille de l'Ascension. Il me fut montré en esprit comment Jésus, auquel elle demandait de ne pas la laisser longtemps dans cette vallée de larmes après l'Ascension, lui dit en termes généraux quelles oeuvres spirituelles elle devait accomplir pendant le temps qu'elle devait encore rester sur la terre. Il lui fit connaître aussi qu'à sa prière, les apôtres et plusieurs disciples se réuniraient près d'elle pour assister à sa mort ; il lui indiqua ce qu'elle devait leur dire et comment elle devait leur donner sa bénédiction. Je vis aussi qu'il dit à l'inconsolable Madeleine de se cacher dans le désert, et à sa soeur Marthe d'établir une communauté de femmes ; il ajouta qu'il serait toujours avec elles.
Quand la sainte Vierge eut prié pour faire venir les apôtres près d'elle, je vis la convocation leur arriver dans diverses parties du monde. Je ne me souviens plus que de ce qui suit.
Les apôtres avaient de petites églises dans divers lieux où ils avaient enseigné. Quoique plusieurs d'entre elles De fussent pas encore construites en pierre, mais faites seulement de branches tressées et enduites de limon, toutes celles que je vis avaient à leur partie postérieure la même forme arrondie ou angulaire que la maison de Marie près d'Éphèse. Il y avait des autels, et on y célébrait le saint sacrifice de la messe.
Je les vis tous, si éloignés qu'ils fussent, avertis par des apparitions de se rendre auprès de la sainte Vierge. En général, les voyages si longs des apôtres ne se faisaient pas sans une miraculeuse assistance du Seigneur. Je crois que souvent, sans qu'eux-mêmes en eussent bien la conscience, ils voyageaient à l'aide d'un secours surnaturel, car je les vis plus d'une fois passer à travers des foules pressées sans que personne parût les voir. Je les vis opérer chez divers peuples paiens et sauvages des miracles d'une tout autre espèce que ceux de leurs miracles que nous connaissons par l'Écriture sainte. Ils les opéraient partout suivant les besoins des hommes. Je vis que tous, dans leurs voyages, portaient avec eux des ossements des prophètes ou des martyrs mis à mort dans les premières persécutions, et qu'ils les avaient auprès d'eux lorsqu'ils priaient ou célébraient le saint sacrifice.
Lorsque le Seigneur convoqua les apôtres à Ephèse, Pierre et Mathias aussi, à ce que je crois, se trouvaient dans les environs d'Antioche. André, venant de Jérusalem où il avait eu à souffrir la persécution, ne se trouvait pas à une grande distance d'eux. Je vis Pierre et André s'arrêter la nuit, ou passer dans différents endroits qui n'étaient pas très éloignés les uns des autres. Ils n'étaient pas dans des villes, mais dans des auberges publiques, comme on en trouve au bord des routes dans les pays chauds. Pierre était couché contre un mur. Je vis un jeune homme resplendissant s'approcher de lui et l'éveiller en le prenant par la main ; il lui dit qu'il devait se rendre en toute hâte près de Marie, et qu'il trouverait en route son frère André. Je vis Pierre, qui était déjà affaibli par l'âge et les fatigues de l'apostolat, se mettre sur son séant et s'appuyer avec les mains sur ses genoux pendant qu'il écoutait l'ange. Quand le messager céleste eut disparu, il se leva, se ceignit, mit un manteau, prit son bâton et partit. Il rencontra bientôt André, qui avait vu une apparition semblable. Plus loin, ils se réunirent à Thaddée, auquel la même chose avait été dite. C est ainsi qu'ils se rendirent chez Marie, où ils trouvèrent Jean.
Jacques le Majeur, qui avait une figure pâle et allongée et les cheveux noirs. était venu d'Espagne à Jérusalem avec plusieurs disciples. Il s'arrêta quelque temps à Sarona, près de Joppé, et ce fut là qu'il fut appelé à se rendre à Éphèse. Après la mort de Marie, il revint à Jérusalem avec ses compagnons, et il y souffrit le martyre. Son accusateur se convertit fut baptisé par lui et décapité avec lui. Jude, Thaddée et Simon étaient en Perse où ils reçurent leur convocation.
Thomas avait une taille ramassée et les cheveux d'un brun cuivré. Il était le plus éloigné de tous, et n'arriva qu'après la mort de Marie. J'ai vu comment l'ange chargé de l'avertir vint à lui. Il n'était pas dans une ville, mais dans une cabane de roseaux, et il priait lorsque l'ange lui ordonna de partir pour Éphèse. Je l'ai vu sur la mer dans une petite barque avec un serviteur d'une grande simplicité ; il traversa ensuite le continent, mais, je crois, sans entrer dans aucune ville. Il vint encore un disciple avec lui. Il était dans l'Inde lorsqu'il reçut l'avertissement ; mais, avant de le recevoir, il avait formé le dessein d'aller plus au nord, jusqu'en Tartarie, et il ne put se résoudre à abandonner ce projet : il voulait toujours trop faire, et il arrivait souvent trop tard. Il alla vers le nord, en touchant presque la Chine, et arriva jusque dans les possessions actuelles de la Russie. Il reçut là un nouvel avertissement, et se dirigea en toute hâte vers Éphèse. Le serviteur qu'il avait avec lui était un barbare qu'il avait baptisé. Cet homme est devenu quelque chose plus tard, mais j'ai oublié ce qui le concernait. Thomas ne revint pas en Tartarie après la mort de Marie ; il fut percé d'un coup de lance dans l'Inde. J'ai vu que, dans ce pays, il érigea une pierre sur laquelle il avait prié et à la marque de ses genoux s'était imprimée, et qu'il dit que lorsque la mer viendrait jusqu'à cette pierre, un autre personnage prêcherait Jésus-Christ dans ces contrées.
Jean s'était trouvé à Jéricho peu de temps auparavant. Il allait souvent dans la Terre Sainte. Il résidait ordinairement à Éphèse et dans les environs. C'était là qu'il avait reçu sa convocation.
Barthélémy était en Asie, à l'orient de la mer Rouge. C'était un bel homme, très intelligent. Il avait le teint blanc, le front élevé, de grands yeux, des cheveux noirs frisés, une barbe noire, courte et crépue. Il avait converti récemment un roi et sa famille. Je vis tout cela, et je le raconterai en son temps. Quand il fut de retour dans ce pays, le frère de ce roi le fit mourir.
J'ai oublié où Jacques le Mineur reçut l'avertissement. Il était très beau et ressemblait beaucoup au Sauveur. Aussi était-il appelé particulièrement le frère du Seigneur. même par ses propres frères.
En ce qui touche Matthieu, je vis de nouveau aujourd'hui qu'Alphée l'avait eu d'un premier mariage et l'avait amené avec lui quand il épousa en secondes noces Marie, fille de Cléophas. J'ai oublié ce qui concernait André.
Paul ne fut pas appelé. Ceux-là seulement furent convoqués qui étaient alliés à la sainte Famille ou qui avaient été en rapport avec elle.
Pendant ces visions, j'avais près de moi des reliques de saint André, de saint Barthélémy, des deux sainte Jacques, de saint Jude, de saint Simon, de saint Thomas, et de plusieurs disciples et saintes femmes ; ceux-là se montrèrent d'abord à moi plus clairement et plus distinctement. Puis je les vis figurer dans la scène qui m'était représentée. Je vis aussi saint Thomas venir à moi mais il ne figurait pas dans le tableau de la mort de la mort de Marie. Il était éloigné et arriva trop tard.
Je vis aussi cinq disciples figurer dans le tableau J'a spécialement un souvenir distinct de Siméon le Juste et de Barnabé (ou Barsabas), dont il y avait des reliques près de moi. L'un des trois autres était l'un de ces fils des bergers qui avaient accompagné Jésus dans le voyage qu'il fit après la résurrection de Lazare. (Erémenzéar). Les deux autres étaient de Jérusalem.
Je vis aussi près de la sainte Vierge sa soeur aînée, Marie Héli. Marie Héli, femme de Cléophas, mère de Marie de Cléophas, grand mère des apôtres Jacques le Mineur, Thaddée, Simon, etc., était une femme très âgée (elle avait vingt ans de plus que la sainte Vierge). Toutes ces saintes femmes demeuraient dans le voisinage ; elles s'étaient réfugiées précédemment dans ce pays, fuyant la persécution qui sévissait à Jérusalem. Plusieurs habitaient des grottes creusées dans les rochers, où on avait disposé des logements nu moyen de boiseries en clayonnage.
XII - Mort de le sainte Vierge.
- Elle reçoit le saint Viatique et l'extrême Onction.
- Vision sur l'entrée de son âme dans le ciel.
Le 14 août 182l, dans l'après-midi, la soeur dit à l'écrivain : " Je veux maintenant raconter quelque chose de la mort de la sainte Vierge ; mais il ne faut pas que je sois dérangée. Dites à ma petite nièce de ne pas m'interrompre, et d'attendre un peu dans l'autre pièce ". Quand l'écrivain eut fait ce qu'elle disait et fut revenu près d'elle, il lui dit : " Racontez maintenant " ; mais, regardant fixement devant elle, elle s'écria : " Où suis-je donc, est-ce le matin ou le soir ! -Vous voulez, dit-il, parler de la mort de la sainte Vierge.-Les apôtres sont là, répondit-elle, interrogez-les ; vous êtes plus savant que moi, vous les questionnerez mieux ; ils suivent le Chemin de la Croix et travaillent au tombeau de la Mère de Dieu. Elle les vit se livrer à ce travail aussitôt après la mort de Marie, à ce qu'elle assura. Après une pause, elle continua, en marquant des nombres avec ses doigts : " Voyez ce chiffre, dit-elle, une barre comme un I, puis un V ; cela ne fait-il pas quatre ? puis encore un V et trois I, cela ne fait-il pas huit ? Ce n'est pas écrit correctement en lettres marquant les nombres ; mais je les vois ainsi, parce que je ne sais pas lire les nombres élevés écrits en lettres Cela doit signifier que l'année 48 après Jésus-Christ est celle de la mort de la sainte Vierge. Je vois ensuite un X et trois 1, puis deux fois le signe de la pleine lune, comme il est dans l'almanach : cela veut dire que la sainte Vierge mourut treize ans et deux mois après l'ascension de Notre Seigneur. Ce n'est pas à présent le mois de sa mort. Je crois qu'il est passé depuis deux mois ; car, il y a deux mois, j'ai encore vu cette scène. Ah ! sa mort fut pleine de tristesse et pleine de joie ! s, Toujours dans cet état d'absorption intérieure, elle raconta ce qui suit :
Je vis hier à midi beaucoup de tristesse et d'inquiétude dans la maison de la sainte Vierge. La servante était extrêmement affligée ; elle s'agenouillait sans cesse, tantôt dans divers coins de la maison, tantôt devant la maison, et priait les bras étendus en versant des larmes. La sainte Vierge reposait tranquillement dans sa cellule ; elle semblait au moment de mourir. Elle était enveloppée tout entière, y compris les bras, dans cette espèce de vêtement de nuit que j'ai décrit en racontant sa visite chez Élisabeth. Son voile était relevé carrément sur son front, elle l'abaissait sur son visage quand elle parlait à des hommes. Ses mains elles-mêmes ne restaient découvertes que quand elle était seule. Dans les derniers jours, je ne la vis rien prendre, si ce n'est de temps en temps une cuillerée d'un breuvage que la servante exprimait de certaines baies jaunes, disposées en grappes. Vers le soir, quand la sainte Vierge connut que son heure approchait, elle voulut, conformément à la volonté de Jésus, bénir ceux qui se trouvaient présents et leur faire ses adieux. Sa chambre à coucher était ouverte de tous les côtés. Elle se mit sur son séant ; son visage était d'une blancheur éclatante et comme illuminé. Tous les assistants se tenaient dans la partie antérieure de la maison ; les apôtres entrèrent les premiers dans l'autre pièce, s'approchèrent l'un après l'autre de sa cellule ouverte, et s'agenouillèrent près de sa couche. La sainte Vierge les bénit tour à tour en croisant les mains au-dessus de leur tête et en touchant légèrement leur front. Elle parla à tous, et fit tout ce que Jésus lui avait enjoint à Béthanie.
Quand Pierre vint à elle, je vis qu'il avait à la main un rouleau écrit. Elle parla à Jean des dispositions à prendre pour sa sépulture, et le chargea de donner ses vêtements à sa servante et à une autre vierge pauvre qui venait quelquefois la servir. Elle montra du doigt le réduit qui était en face de sa cellule, et je vis sa servante y aller, l'ouvrir et le refermer. Je vis alors tous les vêtements de la sainte Vierge ; j'en parlerai plus tard. Après les apôtres, les disciples présents s'approchèrent de la couche de la sainte Vierge et furent aussi bénis par elle. Les hommes se rendirent alors de nouveau dans la pièce antérieure de la maison, pendant que les femmes s'approchaient de la couche de Marie, s'agenouillaient et recevaient sa bénédiction. Je vis l'une d'entre elles se pencher sur la sainte Vierge, qui l'embrassa.
Pendant ce temps l'autel fut préparé, et les apôtres se revêtirent, pour le service divin, de leurs longs vêtements blancs, avec des ceintures sur lesquelles étaient des lettres. Cinq d'entre eux figurèrent dans la cérémonie solennelle, qui fut semblable à celle que j'avais vu célébrer pour la première fois par Pierre dans la nouvelle église voisine de la piscine de Bethesda ; ils se revêtirent de leurs beaux ornements sacerdotaux. Le manteau pontifical de Pierre, qui était le célébrant, était très long par derrière ; cependant il n'avait pas de queue.
Ils étaient encore occupés à s'habiller, lorsque Jacques le Majeur arriva avec trois compagnons. Il venait d'Espagne par Rome avec le diacre Timon, et au delà de cette dernière ville il avait rencontré Erémenzéar et un troisième disciple. Les assistants, qui étaient au moment d'aller à l'autel, lui souhaitèrent la bienvenue avec une gravité solennelle, et lui dirent en peu de mots de se rendre près de la sainte Vierge. On leur lava les pieds, ils rangèrent leurs vêtements ; puis, sans quitter leurs habits de voyage, ils allèrent près de Marie et reçurent comme les autres sa bénédiction. Jacques alla seul le premier ; puis ses trois compagnons y allèrent ensemble après quoi ils revinrent pour assister au service divin. Là cérémonie était déjà assez avancée lorsque Philippe arriva d'Égypte avec un compagnon. Il se rendit aussitôt près de la Mère du Seigneur, reçut sa bénédiction et pleura abondamment.
Pierre, pendant ce temps, avait terminé le saint sacrifice, il avait consacré et reçu le corps du Sauveur, puis il l'avait donné aux apôtres et aux disciples présents. La sainte Vierge ne pouvait pas voir l'autel ; mais pendant la sainte cérémonie elle était assise sur sa couche, dans un profond recueillement. Quand Pierre eut communié et donné la communion aux autres apôtres, il porta à la sainte Vierge le saint sacrement et l'extrême onction.
Tous les apôtres l'accompagnèrent en procession solennelle. Thaddée marchait en avant avec un encensoir. Pierre portait la sainte Eucharistie devant lui, dans la pyxide en forme de croix dont j'ai parlé précédemment. Jean le suivait, portant un petit plat, sur lequel était le calice avec le sang précieux et quelques boites. Le calice était petit, massif et de couleur blanche. Le pied en était si court qu'on ne pouvait le prendre qu'avec deux doigts. Il avait du reste la forme de celui de la sainte Cène. Dans l'oratoire, qui était près du lit de la sainte Vierge, un petit autel avait été dressé par les apôtres. La servante avait apporté une table avec une couverture rouge et blanche. Dessus étaient des flambeaux allumés : je crois que c'étaient des cierges et des lampes. La sainte Vierge, pâle et silencieuse, était couchée sur le des. Elle regardait fixement le ciel, ne parlait à personne, et semblait ravie en extase. Elle était comme illuminée par le désir ; je pouvais ressentir ce désir qui l'emportait hors d'elle-même. Ah ! mon coeur voulait aller à Dieu avec le sien.
Pierre s'approcha d'elle et lui administra l'extrême-onction, à peu près de la même manière qu'on le fait aujourd'hui. Il l'oignit avec les saintes huiles prises dans les boites que tenait Jean, sur je visage, sur les mains' sur les pieds et sur le côté, où son vêtement avait une ouverture ; en sorte qu'on ne la découvrit pas le moins du monde. Pendant ce temps les apôtres récitaient des prières, comme on le fait au choeur. Ensuite Pierre lui présenta le saint sacrement. Elle se redressa, sans s'appuyer, pour le recevoir ; puis elle retomba. Les apôtres prièrent pendant quelque temps, et, s'étant un peu soulevée, elle reçut le calice de la main de Jean. Je vis, lors de la réception de la sainte Eucharistie, une lumière éclatante entrer dans Marie ; après elle retomba comme ravie en extase, et ne dit plus rien. Les apôtres portant les vases sacrés retournèrent en procession à l'autel où ils continuèrent le service divin, et alors Philippe reçut aussi la sainte communion. Il n'était resté que deux femmes près de la sainte Vierge.
Plus tard, je vis de nouveau les apôtres et les disciples en prière autour de la couche de la sainte Vierge. Je visage de Marie était épanoui et souriant comme dans sa jeunesse. Ses yeux, pleins d'une sainte joie, étaient tournés vers le ciel. Je vis alors un tableau merveilleusement touchant. Le toit de la cellule de Marie avait disparu ; la lampe était suspendue en plein air ; je vis à travers le ciel ouvert l'intérieur de la Jérusalem céleste. Il en descendit comme deux nuées éclatantes, où se montraient d'innombrables figures d'anges, et entre lesquelles une voie lumineuse se dirigea vers la sainte Vierge. Je vis, à partir de Marie, comme une montagne lumineuse s'élever jusque dans la Jérusalem céleste. Elle étendit les bras de ce côté avec un désir infini, et je vis son corps soulevé en l'air et planant au-dessus de sa couche, de manière qu'on pouvait voir par-dessous. Je vis son âme, comme une petite figure lumineuse infiniment pure, sortir de son corps, les bras étendus, et s'élever sur la voie lumineuse qui montait jusqu'au ciel. Les deux choeurs d'anges qui étaient dans les nuées se réunirent au-dessous de son âme et la séparèrent du corps, qui, au moment de cette séparation, retomba sur la couche, les bras croisés sur la poitrine. Mon regard, suivant l'âme de Marie, la vit entrer dans la Jérusalem céleste, et arriver jusqu'au trône de la très sainte Trinité. Je vis un grand nombre d'âmes, parmi lesquelles je reconnus plusieurs patriarches, ainsi que Joachim, Anne, Joseph, Elisabeth, Zacharie et Jean-Baptiste, aller à sa rencontre avec une joie respectueuse. Elle prit son essor à travers eux tous jusqu'au trône de Dieu et de son Fils, qui, faisant éclater au-dessus de tout le reste la lumière qui sortait de ses blessures, la reçut avec un amour tout divin, lui présenta comme un sceptre et lui montra la terre au-dessous d'elle comme s'il lui conférait un pouvoir particulier. Je la vis ainsi entrer dans la gloire, et j'oubliai tout ce qui se montrait autour d'elle sur la terre. Quelques-uns des apôtres, notamment Jean et Pierre, durent voir tout cela, car ils avaient les yeux levés au ciel. Les autres étaient pour la plupart prosternés vers la terre. Tout était plein de lumière et de splendeur. C'était comme lors de l'ascension de Jésus-Christ.
Je vis, ce qui me réjouit beaucoup, un grand nombre d'âmes délivrées du purgatoire suivre l'âme de Marie quand elle entra dans le ciel. Aujourd'hui aussi, au jour de la commémoration qu'en fait l'Église, je vis entrer au ciel beaucoup de ces pauvres âmes, parmi lesquelles plusieurs que Je connaissais. Je reçus l'assurance consolante que, tous les ans, le jour anniversaire de la mort de Marie, beaucoup d'âmes de ceux qui lui ont rendu un culte particulier participent aux effets de cette grâce.
Quand je regardai de nouveau sur la terre, je vis le corps de la sainte Vierge resplendissant. Il reposait sur sa couche, je visage rayonnant, les yeux fermés, les bras croisés sur la poitrine Les apôtres, les disciples et les saintes femmes étaient agenouillés autour et priaient. Pendant que je regardais tout cela, il y avait dans toute la nature un concert harmonieux et une émotion semblable à celle que j'avais aperçue pendant la nuit de Noël. Je connus que l'heure de sa mort avait été la neuvième heure, comme celle de la mort du Sauveur.
1. 30/08/2011
Je suis heureux de l'apprendre et fier de notre Sauveur. Mon adimiration envers notre Mere renforce l'espoir que j'ai en Son Fils qui mon chemin et ma vie. que le Seigneur soit avec nous et que Marie nous protege
2. 21/07/2011
o marie apprend nous le chemin qui mene au ciel